Petite histoire de l'île
Au cours du 19e siècle, la circulation maritime dans le golfe du Saint-Laurent s’intensifie considérablement. Quelque 2000 personnes habitent alors la région de la Minganie. Elles vivent des produits de la mer, principalement de la pêche à la morue. Une flotte impressionnante de goélettes se déploie entre Natashquan et Sheldrake. Avec les établissements permanents commence aussi le passage régulier des bateaux de ravitaillement et de transport des passagers.
Entre 1857 et 1885, cinq naufrages importants dans le secteur des îles de Mingan vont accentuer les pressions en faveur de la construction d’un phare à l’île aux Perroquets. Les compagnies de transport, océanique aussi bien que fluvial, joignent leurs voix aux revendications des pêcheurs côtiers pour que le gouvernement mette en place des soutiens à la navigation.
Dès 1877, le conseil municipal de Pointe-aux-Esquimaux — maintenant Havre-Saint-Pierre — demande qu’on érige un phare à l’île Walrus — aujourd’hui Petite île au Marteau — et à l’île aux Perroquets. Appuyées par des lettres de la compagnie Allan, en 1885, et du commandant Wakeham, en 1886, les requêtes des navigateurs seront enfin acceptées. La station du phare de l’île aux Perroquets sera érigée en 1888. Henry de Puyjalon en deviendra le premier gardien.
Le phare de l'île aux perroquets
Érigé en 1888, le phare de l’île aux Perroquets est une construction de bois flanquée d’une maison d’habitation qui accueille la famille du gardien, l’assistant et les autres équipiers nécessaires au bon fonctionnement du phare.
Si la lumière émise par le phare est capitale pour guider les navires, d’autres moyens sont essentiels pour pouvoir communiquer avec les navigateurs : pavillons, signaux sonores, télégraphie, radiophare, téléphones.
À la station du phare de l’île aux Perroquets, la présence d’un mât de pavillon apparaît dans les premières années. Ce système avait été mis en place par le milieu maritime un demi-siècle plus tôt. Il faisait appel à des pavillons de formes et de couleurs différentes, représentant chacun une lettre ou un chiffre. Ce procédé astucieux fonctionnait selon le Code international des signaux, usant de 18 pavillons pour composer quelque 78 000 signaux différents ainsi que le nom et le numéro de plus de 50 000 navires.
Les bateaux passant au large pouvaient ainsi recevoir des messages du gardien en place ou lui en envoyer. Ces messages étaient ensuite relayés aux postes terrestres de télégraphie qui, à leur tour, transmettaient l’information d’une station à l’autre jusqu’à Québec. Les compagnies maritimes parvenaient ainsi à suivre la progression ou le retard de leurs navires jusqu’à destination.